TO: André GAUDREAULT <*****@*****.**>
FROM: Guillaume Soulez <*****@*****.**>
CC: Philippe Marion <*****@*****.**>
BCC: Subject: Re: livre
Cher André,
En effet, je crois que j’ai voulu éviter l’idée de cinéma étendu ou élargi dans la mesure où l’éclatement désigne aussi un risque de dispersion, d’autonomisation des fragments éclatés par rapport au noyau de départ, tandis que l’idée de cinéma élargi suppose a priori qu’on a toujours affaire à du cinéma (une ontologie élastique du cinéma), ce qui se discute.
Le point de départ est lié à une métaphore du réseau, plus précisément de la décentralisation à forte dimension spatiale – on dit en ce sens d’une institution (musée, université, etc.) qu’elle est « éclatée sur plusieurs sites ». L’idée de réseau est bien sûr réactivée par le web ou la Toile qui rend peut-être davantage visibles des logiques présentes avant le développement d’internet.
L’hypothèse serait que le cinéma sous la pression de forces externes (qui rencontrent sans doute des failles internes au cinéma, ou s’articulent à elles) se trouve éclaté (il y a donc une forme de passivité du cinéma ici) sur plusieurs sites ou supports (écrans : téléviseur, ordinateur, téléphone…, sites : domicile, musée, murs de la ville…), qui sont eux-mêmes liés à des médias (télévision, exposition, plateformes web, street art, etc.).
Chaque média en fonction de ses logiques propres configure les formes visuelles et sonores, « lève la pâte » des médiums dont il s’empare, et donc reconfigure potentiellement les formes actuelles du cinéma (ou les réagence, ou retrouve des formes anciennes, etc.).
Comment les formes, les dispositifs du cinéma se métamorphosent sous cette pression, s’agit-il encore de cinéma, en quel sens, etc.? Inversement, comment certaines formes « résistent » et rétroagissent sur le média (par exemple certaines formes de cinéma font évoluer le jeu vidéo, le webdocumentaire, etc.)?
C’est ce que je développerai jeudi dans ma présentation [allusion au colloque « Le cinéma éclaté et le levain des médias » tenu le 22 mars 2012].
Merci de votre question qui m’aide à préciser les choses,
et au plaisir de continuer ces échanges !
Bien à vous,
Guillaume